Une métaphore de la vie des femmes dans l’espace public

Je suis tombé récemment sur une analogie sympa pour arriver à faire comprendre à des hommes ce que vivent les femmes dans l’espace public, et plus généralement la notion de « privilège ».

Au passage, le terme « privilège » est connoté particulièrement négativement dans la culture française, moi à chaque fois j’imagine quelques nobles qui réduisent des milliers de paysans en esclavage. Alors que c’est pas ça, un privilège, c’est juste être dans une situation où les choses sont plus faciles pour soi. Dans la grande majorité des cas, c’est une situation qu’on a pas décidé, mais qui vient de facteurs extérieurs (sexe, couleur de peau, richesse des parents, lieu de naissance, métabolisme, identité de genre, état de santé physique ou mental, etc.)

En général on ne s’en rend pas compte, c’est difficile de savoir qu’on a un privilège sans que quelqu’un d’autre mette le doigt dessus. Il ne faut pas avoir honte de ses privilèges (on ne les a presque jamais choisis !), la bonne attitude c’est d’en tenir compte dans ses interactions avec les gens qui ne sont pas dans la même situation. On connaît la notion de « problème de riche », c’est pareil avec le reste. Les privilégiés ont aussi des problèmes, mais aller s’en plaindre auprès des personnes qui sont de l’autre côté de la barrière, ça peut être un peu indécent. Si c’est possible de se servir de ses privilèges pour équilibrer la situation, c’est encore mieux.

Cet ensemble de tweets et de réponses ne parle pas directement de la notion de privilège, mais essaye de faire comprendre par analogie ce que vivent les femmes dans l’espace public. L’original en anglais est en fin d’article, voici ma traduction.


Être une femme, c’est un peu comme être un cycliste dans une ville où toutes les voitures représentent les hommes. Tu es censé⋅e partager la route équitablement avec les voitures, mais c’est pas comme ça que ça marche.

Les routes sont faites pour les voitures, et tu dépenses une grande quantité d’énergie physique et mentale à être sur la défensive et à essayer de ne pas prendre de coups. Il y a des voitures qui veulent te faire du mal. Elles pensent que tu n’as même pas ta place sur la route. Et si tu te fais renverser par une voiture, tout le monde dit que c’est de ta faute.

Il y a des pistes cyclables qui sont faites juste pour toi, mais les voitures les utilisent aussi. Tu ne peux pas faire du vélo la nuit parce que le risque de te faire renverser est trop grand. Il faut faire très attention à ceux qui ont trop bu. Et même si tu prends effectivement la piste cyclable parce que c’est « plus sûr », il y a souvent des objets et des obstacles dessus qui rendent la conduite difficile.

Parfois, des voitures vont te klaxonner ou faire un écart vers toi juste pour s’amuser et les conducteurs vont rigoler quand tu aura une réaction de défense, parce qu’ils sont en sécurité dans leur voiture et ne se rendent pas compte à quel point ça a l’air dangereux pour toi sur ton vélo.

Il  y a des endroits où les pistes cyclables sont bien meilleures qu’ailleurs, et c’est bien pour ces lieux ! Mais ça ne règle pas le problème des routes qui sont inéquitablement partagées, et en fait ça souligne à quel point les autres lieux ne sont pas respectueux des cyclistes.

Enfin, la notion de « zone portière ». Est-ce que toutes les voitures garées vont ouvrir brusquement leur portière directement sur ta route au moment où tu va passer ? Non, bien sûr que non. Est-ce que tu dois quand même faire attention à toutes les voitures garées et à leurs portières ? Oui ! Parce que même un seul accident avec une portière qui s’ouvre peut entraîner des blessures, parfois sérieuses, voire même la mort.

cycliste_2


J’ai trouvé la comparaison très intéressante, surtout la notion de « zone portière ». Étant cycliste en ville, je vois tout à fait de quoi il s’agit.

L’original est ci-dessous :

Crédits photo :

Auteur : Aurélien

I know nothing.

2 réflexions sur « Une métaphore de la vie des femmes dans l’espace public »

    1. Il manque l’idée que être tenu d’utiliser la piste cyclable vous prive de liberté, vous laisse un espace étroit, parfois qui ne vous permet pas d’aller là où vous voulez. Vous devez rester à votre place. Vous êtes « toléré(e) » : ce n’est pas vraiment le début d’un partage équitable.

      J’aime

Laisser un commentaire